Solidarité

Une partie du mouvement des “sem-teto”¹ à Rio de Janeiro s’engage dans la réalisation des squats (“ocupações”) dans la zone centrale de la ville, organisant la gestion de ses petits territoires par une structure fort horizontale (avec de moindres traits d’hierarchie), dans lesquelles les espaces de délibération sont ouverts à la participation de tous les résidents. Ces squats du centre de Rio de Janeiro se mantiennent autogerés, basés sur les principes de la solidarité et de l’aide mutuelle. Les résidents s’organisent en assemblées dans un mouvement autonome, non associé à aucun parti politique ou institution. Toutes les décisions qui touchent ou qui concernent chaque squat sont prises par les assemblés elles mêmmes (les réunions du “Collectif”), reconnues comme les seuls forums légitimes.

Avec l’occupation des bâtiments abandonnés, ce mouvement met en question directement la spéculation immobilière. Cette spéculation produit une situation absurde: alors que la population de Rio de Janeiro a besoin d’au moins 150.000 domiciles pour faire face à son déficit habitationnel, 250.000 immeubles sont laissés toujours vacants, sans remplir leur fonction sociale² (comme détermine la Constitution brésilienne). Le mouvement des “sem-teto” croit que la Réforme Urbaine³ doit être faite à travers le pouvoir populaire, sachant que l’État ne répondra pas à la demande des travailleurs appauvris.

Le processus d’organisation de nouvelles “ocupações” (squats) autogerées comme celles-ci est géneralement bien solide. Il prend normalement plusieurs mois, avec des rencontres entre les familles, de larges discussions à propos des sujets tels que la conjoncture urbaine, le rôle de l’État et de sa violence et même sur la ségregation de la pauvreté dans les villes. D’un autre côté, des sujets importants aux tâches intèrnes d’autogestion du “Collectif” sont aussi mises en débat. Ce sont des questions comme le régiment intérieur (les normes de l’”ocupação”), les activités qui envisagent le développement du nouveau territoire conquis (telles que des alternatives économiques autogerées, cuisine et crèche communautaires, etc.) et le nom de l’”ocupação”, i.e. Chuiquinha Gonzaga, Zumbi dos Palmares et Quilombo das Guerreiras. Tous ces thèmes sont débattus et les décisions sont prises de façon horizontale par tous les résidents.

Les squats autogerés du mouvement des “sem-teto” de Rio de Janeiro sont un exemple de comment la combinaison entre l’action dirècte et la recherche pour la satisfaction des nécessités basiques peut proumouvoir les conditions nécessaires à la construction d’un mouvement social de base.

Notes

[1] Ce mouvement social, fortement politisé, est composé par des personnes de plusieurs caracteristiques et origines, comme des chaumeurs, travailleurs informels, des commerçants de rue, ex-résidents de rue et même par de personnes qui ne peuvent plus payer le prix d’un loyer.

[2] Donnés fournis par la Fundação João Pinheiro.

[3] L’expression “reforme urbaine” s’attache à une profonde discussion qui émerge au Brésil spécialement au milieu des annés 1960. Suivi à la fin de la Dictature Militaire (1964-1985) – période pendant laquelle tous les mouvements sociaux ont été considerablement affaiblis -, les débats sur les possibilités d’une nouvelle forme de penser et produire les villes ont connu un nouvel élan. De manière brève, on peut dire que la Reforme Urbaine fait référence à un changement social et spatial profond et particulièrement critique du status quo capitaliste dans les villes. Malgré la mobilisation de plusieurs groupes autour de cette bannière, la nouvelle Constitution Fédérale approuvée en 1988 inclut à peine deux petits articles sur la politique urbaine (un sur l’usucapion urbain et un autre à propos d’une vague conception de “fonction sociale de la propriété”). Il n’est pas rare que le terme “reforme urbaine” soit confondu avec une simple reforme des caractéristiques urbanistiques de la ville. Pourtant ce terme recouvre en soi-même un contennu beaucoup plus complexe et potentiellement radical.

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